Le séjour au Ciel d’Indra auprès des Trente-Trois Dieux - Cambodge - XIXe siècle - Peinture sur toile - Legs Fauverge de French - inv. : 961.3.305
Alors que Bouddha séjournait à Shravasti, il disparut durant la durée de la saison des pluies sans prévenir ses disciples. La tradition explique cette absence par la volonté de Bouddha de diffuser son enseignement auprès de tous et y compris aux divinités. Il désirait également enseigner sa doctrine à sa mère pourtant morte sept jours après sa naissance. Le bouddha se rend «en trois enjambées» au sommet du Mont Méru précisément au ciel d’Indra séjour des trente-trois dieux. Cet épisode appartient à la tradition des récits miraculeux de la geste de Bouddha
Cette
ascension et le sermon qui a suivi sont représentés sur notre peinture
cambodgienne, cette scène est dans la partie centrale et haute de l’œuvre, la
partie basse étant réservé au Grand Départ.
A l’inverse du Grand Départ qui était une suite de trois scènes, la
représentation du séjour de Bouddha au Ciel d’Indra est unique, mais elle
occupe les trois quart de la toile.
Au centre
de la composition, nous trouvons Bouddha crâne rasé, vêtu d’une robe orangée et dorée, assis sur un trône. Les Dieux sont rassemblés
autour du trône au cœur d’une enceinte.
Brahma, à
la gauche de Bouddha, déjà présent lors du Grand Départ, nous fait face. Il est
reconnaissable à sa couleur rose, à ses trois pics sur sa coiffe et à ses trois
têtes.
Indra, à la
droite du Bienheureux a un visage vert et regarde Bouddha de profil avec
dévotion. Il a laissé son trône de Roi des Dieux et Seigneur du Ciel à Bouddha.
Derrière l’enceinte se trouve un stupa de type cambodgien,
reliquaire comprenant selon les traditions la chevelure du prince Siddhartha
récupéré par Indra après la scène de la coupe des cheveux, scène qui suit
chronologiquement le Grand Départ.
De chaque
côté de l’enceinte et à gauche et à droite du stupa, nous
trouvons des musiciens. L’ensemble de gauche comprend un ensemble de
percussions (tambour, xylophone en bambou, percussions métalliques) et un
joueur de flûte. A droite un ensemble de musiciens aux instruments à cordes est
présent. Des tables sont dressées de chaque côté. Devant ses tables se trouvent
de chaque côté un groupe de personnages. A gauche, les quatre Lokapala, les porteurs du cheval du
Grand Départ. A droite quatre femmes, la première à genoux et les mains en
signe d’adoration et de concentration. C’est Maya la mère du Bouddha.
Bouddha a
deux personnages dans sa ligne de vue, sa tête est bien tournée en direction d’Indra et de Maya. Cette représentation est une synthèse des épisodes de la
vie du Bienheureux, de sa naissance humaine au Bouddha régnant sur une
assemblée de dieux.
Dans le
ciel bleu, au-dessus du stupa des danseuses célestes, identifiables au
positionnement de leurs mains, flottent au milieu de huit roues de la loi. Mara
est aussi présent dans ce groupe, confirmant
ainsi sa défaite. Il fait, comme Indra et Brahma, le lien entre les deux
grands épisodes de l’œuvre et de la vie historique de Bouddha.
Un dernier
point est à soulever, un groupe de personnages blanc se trouvent au pied de l’enceinte des trente-trois Dieux à proximité des deux portes d’entrée. La couleur blanche est celle du deuil dans la tradition
cambodgienne. Cette assemblée, dans les canons classiques des épisodes de la
Vie du bouddha, est présente lors de la Cérémonie Funéraire consacrée au
Bouddha, soit lors de l’ultime épisode. Ces personnages sont donc
généralement absents de cette scène de séjour au Mont Méru, comme c’est le cas sur la peinture murale de Kompong Tralach. Cet élément
complémentaire et anachronique donne donc une valeur iconique supplémentaire à
l’œuvre des collections toulonnaises.
Enfin, l’aspect miraculeux de cette épisode est souvent représenté, non pas par l’ascension puis le séjour au ciel d’Indra, mais plutôt par le retour
sur terre de Bouddha. Car cet épisode souligne un point essentiel de l’hagiographie bouddhique, celle de la persévérance du Bienheureux à
poursuivre son enseignement messianique certes auprès des défunts et des dieux
mais également auprès des plus nécessiteux sur terre. Ce récit
prouve la volonté inébranlable de Bouddha à partager sa connaissance et
d’agir en entre le ciel et la terre, comme il l’a annoncé dès sa naissance.

Commentaires
Enregistrer un commentaire