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Bouddha gandharien

 



Tête de prince -  Bouddha 

Pakistan- Région de Peshawar 

Art du Gandhara - IIIe – IVe siècle

Legs Fauverge de French

Inv. : 961.3.26

MAA de Toulon


Description


La sculpture représente le visage d’un jeune homme au chignon, la tête par ses proportions est équilibrée, elle devait appartenir à une ensemble plus vaste.

Le visage est longiligne et la chevelure est ondulée. Ces deux éléments physiques le rapprochent de la représentation d’un éphèbe et marque donc son lien esthétique avec la statuaire grecque antique tardive.


Cependant, la courbure de ses arcades sourcilières et ses yeux en amande sont identiques aux partis pris esthétiques indiens de la période Sunga (-185 à -73 av. J.-C.). Ce style sunga se définit également par un mélange d’éléments hellénistiques et de l’art parthe iranien. 

Pour notre sculpture, le résultat est donc un véritable métissage d’influences orientales et méditerranéennes propre à l’art gandharien.

Ainsi ses yeux, son nez aquilin et sa chevelure ondulée correspondent aux caractéristiques typiques du Bouddha gandharien surtout si on y ajoute la prépondérance crânienne en forme de chignon haut et les oreilles allongées. 

Cette sculpture appartient au deuxième âge d’or de la civilisation gandharienne soit durant la période dite Indo-Sassanides ou Kouchano- Sassanides (230 à environ 450).

Bouddha a, sur notre sculpture, les yeux mi-clos et légèrement baissés, il est en profonde méditation.


L’art du Gandhara et la théorie du style gréco-bouddhique


En 1912, Alfred Foucher donne au Musée Guimet une conférence intitulée « L’origine grecque de l’image de Bouddha ». Il reprend les éléments de sa thèse soutenue en 1905 et intitulée L’art gréco-bouddhique du Gandhara.

Selon lui, l’artiste gandharien a un père grec et une mère indienne. Il donna ainsi naissance à une iconographie métissée qui allait être reprise dans tout l’Asie.

Foucher définit donc le terme d’art gréco-bouddhique pour identifier l’art de cette région du Nord-ouest de l’Inde du début de notre ère. Il cherchait surtout à situer l’école de Gandhara et à montrer son importance dans l’histoire de la représentation iconique de Bouddha.

Ce mode de représentation est né en Inde du Nord (Uttar Pradesh actuel) au début de notre ère par le biais de l’école kouchane de Mathura mais également par l’art du Gandhara (Pakistan). 

Ces deux écoles font suite à une phase de représentation dite « aniconique » où la présence du Bouddha se limitait à un symbole et donc par son absence en tant qu’être humain.

Concernant la pensée de Foucher, le contexte historique et la situation géographique peuvent toutefois justifier sa thèse. Ainsi, la région de Peshawar a été traversée par Alexandre le Grand, il occupe le Gandhara en -326 av. J.-C. Cette région est conquise par ses successeurs au temps de Séleucides, vers -200 av. J.-C., sous le règne de Démétrios.  La période suivante est marquée par l’établissement des Principautés indo-grecques au IIe siècle avant J.-C.

Cependant dès sa présentation,  la thèse de Foucher fut critiquée, d’abord par les Anglais qui restaient attachés à l’influence non pas grecque mais romaine sur le monde proto-indien, puis les Indiens qui ne pouvaient imaginer une origine de la représentation iconique de Bouddha que locale. 

Certes, tout le long du XXe siècles de nombreuses fouilles archéologiques en Afghanistan et au Pakistan ont montré l’importance des affluences hellénistiques sur la statuaire locale bouddhique cependant aucune preuve irréfutable n’est venue confirmée intégralement la thèse de Foucher.


Gandhara et Mathura, des matrices iconographiques

Le bouddha gandharien est bien le résultat d’un métissage complexe. Seule certitude, par rapport à la thèse de Foucher, c’est que l’école gandharienne reste éloignée de la seconde école de représentation iconique à savoir celle kouchane de Mathura, de l’Inde du Nord. 


En comparaison, le bouddha kouchan a des formes robustes, massives, un visage rond, souriant, aux traits lourds et des cheveux représentés en une masse lisse ramassée en un petit chignon enroulé en forme de coquillage.

Mais les deux écoles, contemporaines, par leur style et leurs choix esthétiques peuvent toutefois pleinement corroborer à la description de Bouddha par Foucher : “C’est un roi sans parure, un moine sans tonsure.” 


Elles sont primordiales dans la définition d’une iconographie comprenant des éléments communs et propres à la geste bouddhique (positions, postures, signes) qui allaient se propager sur toute l’Asie le long des routes commerciales tout en s’adaptant aux formes artistiques de chaque civilisations ou pays


Commentaires

  1. Merci pour cette présentation. Amoureux de l'Inde, mes premiers contact avec Buddha furent pertubants car ses réprésentations montraient évidemment des différences notables selon les régions. Tout ça pour dire que j'ai hâte que les musées aient l'autorisation d'ouvrir

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