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Bouddha Amida

 


 Bouddha Amida

Ivoire

Japon

Fin du 19e siècle

inv. : 2007.0.10


Description

Notre Amida-nyorai (Join) est ici dans la position fondamentale et iconique de la tradition du bouddhisme ésotérique.

L’objet est en ivoire, c’est un okimono. Il est constitué de six éléments en ivoire, trois pour constituer le socle, un pour le bouddha, un pour l’urne/vase et le dernier pour le nimbe.

Un brillant en verre est positionné au milieu de son front.

Ce bouddha est représenté assis sur une fleur de lotus avec les yeux baissés, posture indiquant l'état de méditation profonde du bouddha. 

Ses mains et ses doigts forment une mudra particulier celui d’Amida. Les index sont pliés dos à dos et forment des cercles avec les pouces. 

Ce geste correspond dans la hiérarchie des mudras dite des « Neufs Classes » à celle de la classe supérieure. Il faut comprendre par cette expression le concept d’existence supérieure, soit celle établie sur la Terre pure de l’ouest. Cette mudra peut être interprétée comme un signe de bienvenue aux Terres Pures de l’ouest.

Le vase pourrait représenter une urne funéraire. 

Au regard de sa grande compassion pour les mourants nommant son nom dans leurs derniers instants, Amida était souvent représenté sur les urnes funéraires.

Son état de concentration et de méditation soutenue lui permet d’accéder à une vision pure et complète de la nature originelle des êtres. Cette vision lui permet de posséder un esprit total et universel de compassion.

L’iconographie d’Amida a été fixée dans cette gestuelle au XIe siècle par le sculpteur japonais Jocho qui a érigé en 1053 une statue en bois dorée de plus de 2,50m à Uji au temple de Byodoin pour son Pavillon du Phénix.



Amida, statue du temple de Byodoin, œuvre de Jocho,

Installée dans la salle dite du Phénix

1053

284 cm


Bouddha historique et bouddha(s) métaphysiques

Le Grand Véhicule ou Mahayana a permis l’émergence, à côté du bouddha dit historique, d’un cortège, impressionnant en nombre et en symbolique, d’êtres remarquables et honorables.

Les bodhisattvas, les arhats et autres bouddha sont les symboles du choix des adeptes de se détacher des règles austères du Hinayana. Trois axes mystiques et conceptuels vont mener leurs recherches spirituelles : la bienveillance, le don et la compassion.

La pensée du Grand Véhicule a principalement pour but de rendre accessible le salut au plus grand nombre.

Ce courant va donc engendrer de nombreuses représentations et la création de multiples objets en Chine, en Corée, au Japon et au Vietnam. Il connaîtra aussi des adaptations et des évolutions spirituelles au Tibet avec le bouddhisme tantrique (Vajrayana) et au Japon avec l’école zen.

Dans ce cadre, une dévotion importante est portée en Chine puis au Japon depuis le VIIIe siècle à Amida ou Amithaba, le bouddha à l’éclat infini ou dans sa forme la plus ancienne le bouddha à la longévité infinie. Un des textes fondateurs de la foi en Amida est le Sukhavativyuha, le Déploiement de la Terre Bienheureuse,  il est apparu en Inde dès le Ier siècle de notre ère.

Pour le Mahayana, la disparition terrestre et physique du Bouddha (historique) engendre et admet l’existence de bouddha(s) « complémentaires » et métaphysiques.

Ils vivent sur leurs « terres» (paradis). Les disciples et fidèles espèrent y renaître un jour.

Amida, le grand sauveur

Dans son cas, Amida incarne les vertus classiques du Grand Véhicule dont la compassion sans limite mais également le dharmakaya, soit le corps d’essence du Bouddha, « l’essence réelle de la bouddhéité » ou l’essence spirituelle et quasi-divine du Bouddha.

Amida règne sur la Terre Pure dite la « Bienheureuse » (Sukhavati), contrée paradisiaque qui serait à l’Ouest de notre univers. Ce paradis n’est pas unique, il existe une infinité de mondes. Globalement, ils sont localisés par la tradition bouddhique dans les Dix Directions de l’univers.

Ces « champs de Bouddha » sont décrits dans les Sutras du Mahayana comme des contrées paradisiaques ; toutes localisées à une incalculable distance de la Terre, elles sont donc les terres de prédication glorieuse propre à chaque bouddha.

Ses nombreuses dévotions sont liées à sa dimension salvatrice. 

Alors qu’il n’était qu’un bodhisattva, le futur Amida a formulé ce Grand Vœux : il ne serait en condition d’accepter l’Eveil que lorsque l’ensemble des êtres invoquant son nom au moment de mourir ait l’accès à sa Terre Pure. 

L’accès à l’Eveil n’est alors pas à son seul profit, mais ses mérites et sa progression spirituelle sont offerts aux êtres humains, ces derniers peuvent ainsi grâce à Amida échapper au cycle des renaissances.

Ce culte sera défini par Le Sutra de la Méditation sur Amitayus, suite de 16 méditations tournées vers les Terres pures de l’Ouest, qui doivent amener à la visualisation de cet espace paradisiaque.

Né en Inde, cet enseignement n’y connaitra qu’un développement sporadique, c’est en Chine au Ve siècle qu’il connaîtra un vrai attrait et une évolution spirituelle conséquente. Au Japon, il connaîtra une nouvelle évolution doctrinale et une omniprésence iconographique à partir de l’époque du Heian (794-1185) mais également  durant la période Edo (1603-1868) comme l'atteste notre okimono en ivoire ici présenté.






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