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Le sommeil de Vishnu



Inde du Sud, Tamil Nadu

xviii siècle (?)

Bois (0,62*0,23*0,11 mètres)

Legs Fauverge de French

MAA de Toulon (Inv. 961.3.276)

 

Ce relief du musée des arts asiatiques de Toulon a été sculpté aux environs du xviii  siècle, en Inde du Sud, pour décorer le soubassement d’un char de procession (ratha) qui devait servir lors de fêtes religieuses. Il représente le sommeil de Vishnu, mythe hindou associé à la création.

Vishnu et la création d’une nouvelle ère cosmique.

Pour les hindous, le temps est cyclique et se compose d’une infinité d’ères cosmiques. À la fin de chaque ère, l’univers est détruit par les flammes puis recouvert par les eaux.

Il ne reste plus alors sur l’océan primordial que Vishnu qui dors et médite sur les anneaux du serpent d’éternité : Ananta.

Lorsque le grand dieu s’éveille, la nouvelle ère cosmique débute et l’univers est recréé. C’est cet instant qui est représenté sur le relief : Vishnu, encore couché, abrité par les têtes multiples du serpent, est doucement réveillé par Lakshmi, son épouse, qui lui masse les pieds.

Brahma et Garuda

La tige d’un lotus émerge alors du nombril de Vishnu et de sa fleur naît Brahma, le dieu créateur. Celui-ci va prononcer les quatre Veda, des textes sacrés qui fondent la création du nouvel univers. Habituellement Brahma possède quatre têtes, une pour chacun des Veda, mais ici il en a une de plus.

Ce détail surprenant fait référence à plusieurs mythes qui content que Brahma avait à l’origine cinq têtes mais que la cinquième fut coupée par le terrible Shiva que Brahma avait offensé.

Enfin, sur notre panneau, d’autres personnages viennent rendre hommage à Vishnu, notamment Garuda, aigle anthropomorphe et monture de Vishnu, figuré en vol à côté de Brahma.

Le Tamil Nadu et la tradition du ratha

Plusieurs détails iconographiques, comme la marque sur le front de Vishnu, permettent d’associer avec certitude ce relief aux productions modernes de l’Inde du Sud.

Ce panneau a en effet été sculpté au Tamil Nadu, dans le sud-est de l’Inde, pour servir d’ornement à un char de procession.





Ces chars, appelés ratha, sont d’immenses structures en bois, dotées de grandes roues pleines, qui servent de véhicules aux dieux pour venir à la rencontre de leurs dévots pendant les fêtes religieuses.


Le mélange d’huile et de poussière séché dans les creux de ce relief montre qu’il a bien servi car, avant chaque procession, les soubassements des chars sont enduits d’huile. Cependant le ratha sur lequel il était monté, à l’aide des fixations encore visibles, a dû être démantelé.

En effet les chars, vu leur taille, sont conservés à l’extérieur des temples pendant l’année. Fabriqués en bois, ils s’abiment vite dans le climat chaud et humide du sous-continent indien.

Cette dégradation rapide du bois, due au climat du pays, fait du panneau du sommeil de Vishnu un précieux témoignage de la sculpture sur bois indienne.
Dès l’Antiquité, les textes indiens et les rares témoignages occidentaux font abondamment référence au travail des sculpteurs sur bois indiens, notamment pour le décor des chars et des palais. Malheureusement, les exemples anciens n’ont pas pu être conservés et il ne nous reste, pour l’essentiel, que des exemples récents, pour évoquer cet art emblématique de l’hindouisme.

Ce texte a été écrit en collaboration avec Nathan FRIESS, étudiant à l'Ecole du Louvre.

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